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Covid-19 : Leclerc, Intermarché et Carrefour bloquent les prix de certains produits de première nécessité

Si, à ce jour, l’inflation des prix des produits dits de première nécessité semble contenue selon le panéliste IRI, les inquiétudes des Français concernant leur pouvoir d’achat se font sentir. Afin d’y répondre et de rassurer les consommateurs, certaines enseignes de la grande distribution se sont engagées à bloquer les prix sur un certain nombre de ces produits. Une décision bienvenue, alors que les inquiétudes devraient perdurer à mesure que les perspectives d’un prolongement du confinement progressent.

Les trois enseignes de la grande distribution, Intermarché, Leclerc et Carrefour ont annoncé le lundi 6 avril qu’elles s’apprêtaient à bloquer les prix sur certains de leurs produits alimentaires et d’hygiène. Dans le détail, Intermarché va bloquer deux tiers des prix de ses assortiments, soit 10 000 produits, Leclerc 4000 produits Marque Repère et Carrefour 500 produits du quotidien. Si les périmètres diffèrent en fonction des enseignes, l’objectif est le même : rassurer les Français au sujet d’une éventuelle hausse des prix.

Dans quelle proportion la grande distribution va-t-elle bloquer les prix sur certains produits de première nécessité ?

Alors que les inquiétudes se veulent grandissantes, en temps de crise, les distributeurs souhaitent rassurer les consommateurs inquiets pour leur portefeuille. Pour cela, trois enseignes de la grande distribution ont décidé successivement de bloquer les prix sur certains produits de leur catalogue. Si Leclerc a lancé le mouvement, le jeudi 26 mars, Intermarché lui a emboîté le pas, le samedi 4 avril, et Carrefour le lundi 6 avril. Leclerc dans son programme “On a tous un rôle à jouer” promet de bloquer les prix de plus de 4000 produits Marque Repère jusqu’à la fin du confinement. Intermarché, via une campagne de blocage des prix, s’engage sur 10 000 produits de marques nationales ou distributeurs, et ce jusqu’au 15 mai. De son côté, Carrefour décide de bloquer les prix sur 500 produits quotidiens de grandes marques, garantis “prix imbattables” depuis un an, dont leur prix n’augmentera pas jusqu’à la fin du confinement. Le thème du pouvoir d’achat semble donc guider et motiver, dans ce contexte de crise, les prises de parole des grands groupes de la distribution alimentaire. Nul doute qu’à ces initiatives devraient venir s’en ajouter d’autres, dont celles d’autres distributeurs, ayant à cœur de rassurer leurs consommateurs.

Quelle est la réalité de la hausse des prix en cette période de Covid-19 ?

Le panéliste IRI ne perçoit pas de hausse des prix dans ses dernières analyses. Sur la semaine du 16 mars au 22 mars, les prix sont stables, avec dans le détail, +0,01% pour les hypers, +0,16% pour les supers, et +0,66% pour la proximité. Du coté du e-commerce GSA, les prix baissent même, de l’ordre de -0,02%. Sur la période étudiée, les prix restent donc relativement similaires. Néanmoins, ces éléments devront être précisés en fonction des catégories de produits ou enseignes, mais aussi par rapport à leur évolution à mesure de la durée de la période de confinement.

Au sujet du prix des fruits et légumes, le journal _Le Parisien_, rapporte une hausse de 31%. Une augmentation qui s’explique, selon Jacques Creyssel, président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), par la priorité donnée aux produits français dans le contexte de fermeture des frontières. Produits bien plus chers que ceux en provenance de l’étranger, ce qui explique, logiquement, la hausse tarifaire observée. Si les coûts de production justifient cette différence de prix, les difficultés de l’offre française de répondre à la demande jouent également. D’autant plus que le manque de main d’oeuvre saisonnière se fait ressentir. La hausse du prix des transports, qui s’accroît de 16%, explique également cette tendance selon une étude de l’ANIA (Association nationale des industries alimentaires).

Par conséquent, les hausses de prix sont à envisager au cas par cas, produit par produit, et non dans leur ensemble. Pour chaque produit, des circonstances et facteurs particuliers semblent donc jouer. Au-delà de la question des prix, les achats de précaution effectués par les Français, en particulier dans la phase pré-confinement, semblent avoir pesé négativement sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Une hausse du panier moyen qui peut aussi être le résultat de certaines ruptures dans des rayons qui ont pu contraindre certains consommateurs à acheter des produits de marque. De fait, les inquiétudes des Français au sujet de leur pouvoir d’achat peuvent être davantage le résultat de nouveaux comportements d’achat. Ceci étant, les craintes des consommateurs sont par endroits justifiées, et pour la grande distribution l’enjeu sera de les contenir.

Le blocage des prix, un bon outil de gestion de la crise du Covid-19 ?

Au fur et à mesure de la crise sanitaire, l’éventail du blocage des prix est secoué face aux inquiétudes et tentations pour certaines industries de surfer sur la crise sanitaire. Déjà par le passé, les recours au blocage des prix ont eu lieu afin de juguler des tendances inflationnistes. Les hausses épisodiques du prix du baril de pétrole suscitent par exemple régulièrement des demandes de blocage des prix de l’essence, afin de préserver le pouvoir d’achat des Français. Des propositions s’appuyant souvent sur la décision du gouvernement de Michel Rocard en pleine guerre du Golfe, en 1991, de bloquer les prix de l’essence. À maintes reprises, dans un autre registre, le blocage des prix de l’électricité a été évoqué, certains distributeurs s’engageant par exemple à proposer des prix fixes sur un an dans certaines de leurs offres. Plus récemment, dans le contexte du Covid-19, le 3 mars, le gouvernement s’est dit prêt à encadrer les prix des produits sanitaires, alors que les prix ont sensiblement augmenté, notamment sur Amazon. Preuve que dans une période de baisse du pouvoir d’achat des Français, ou du moins dans une volonté de l’augmenter, le blocage des prix peut apparaître comme une solution crédible à la portée du législateur, de l’exécutif et des acteurs économiques.

Si ces mesures sont souvent difficile à mettre en place, car elles impliquent de rogner sur les marges ou sur les taxes s’il s’agit d’une décision gouvernementale, elles peuvent être bénéfiques. Dans le contexte actuel, au-delà de l’effet économique, c’est l’effet psychologique qui semble le plus intéressant. Dans une période marquée par une forte incertitude économique, avec une proportion importante de salariés au chômage technique, il est plus que jamais nécessaire de rassurer les consommateurs pour maintenir la consommation. Si le gouvernement s’est engagé sur de nombreuses mesures sociales, le blocage des prix sur certains produits par la grande distribution s’inscrit dans cette optique. Rassurer les Français tout en garantissant un service d’alimentation aux consommateurs les plus modestes.

Les mesures de blocage des prix annoncées par trois grandes enseignes de la grande distribution ont vocation à rassurer les Français sur leur pouvoir d’achat. Des inquiétudes renforcées par l’incertitude économique et l’inconnue au sujet de la date de reprise de l’activité normale du pays. Et rien de tel, dans une situation de “guerre” que de remonter le moral des troupes.

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