Adrás Arató

Bad Buzz : la nouvelle campagne de communication de Carrefour moquée par les internautes

53 000 retweets et 233 000 likes. C’est peu dire que la campagne “Merci Les Héros”, lancée hier en hommage aux professionnels de santé par le groupe Carrefour, a donné lieu à de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Et pour cause, parmi les soignants mis à l’honneur par le distributeur, figure une personne issue d’une banque d’images, devenue ces dernières années un mème extrêmement populaire sur les réseaux. Alors clin d’oeil à la culture internet, maladresse du graphiste ou vrai bad buzz de la part du groupe Carrefour ?

Les bad buzz à la stock photos sont connus comme le loup blanc dans le secteur de la publicité et de la communication. Quand il s’agit de mettre en avant un collectif, uni et soudé, une équipe entreprenante, ou encore de projeter une image rayonnante d’une entreprise, le recours à ces banques d’images en ligne est un réflexe de la part de nombre de graphistes. Un réflexe qui n’en est pas moins exempt de conséquences plus ou moins fâcheuses, comme vient d’en faire l’expérience, hier matin, le groupe Carrefour sur Twitter. Désireux de mettre en avant les héros du quotidien, des soignants aux pompiers en passant par les acteurs de la grande distribution, le distributeur français a utilisé le visage du mème “Hide the pain Harold” pour représenter un soignant. Ce mème, de son vrai nom Adrás Arató, n’a qu’un rapport très lointain avec le monde de la santé, et encore plus avec celui de la grande distribution. Il faut dire que ce meme-hero, de nationalité hongroise, est ingénieur de formation, donc le voir affublé d’une blouse blanche et d’un stéthoscope, comme si ce dernier revenait du front pandémique, ne pouvait que faire sourire les utilisateurs sur les réseaux sociaux.

Trolling de graphiste, mauvais goût ou vraie erreur de communication ?

Sur les centaines de commentaires auxquels cette campagne a donné lieu, de nombreux utilisateurs ont mis en avant un prétendu humour du graphiste à l’origine de la campagne, voire un “trolling de génie”. Peut-on raisonnablement considérer qu’un graphiste travaillant pour un acteur comme Carrefour puisse commettre un tel impair et une telle erreur ? Difficile en effet de le penser, d’où les nombreuses réactions mettant en avant un clin d’oeil à la culture internet. Pourtant, l’hypothèse de l’erreur par méconnaissance et ignorance des réseaux sociaux et de leur culture si particulière, est celle retenue par Carrefour.

En effet, dans un tweet publié un peu moins de deux heures après la publication initiale, et vite devenue virale, Carrefour met en avant le fait que la culture Internet n’est pas aussi diffusée qu’elle n’y paraît et qu’en l’espèce elle s’est arrêtée à la porte de l’agence créative à l’origine de cette campagne. Dont acte. Fermez le ban ?

Une réponse de Carrefour qui ne convainc guère

Cette communication de crise du distributeur, visant à déminer le plus rapidement possible ce bad buzz a moyennement convaincu les utilisateurs du réseau social. Certains s’interrogent sur la sincérité de cette campagne, alors que ces photos montrent les visages d’acteurs tout droit sortis de banques d’images internationales, alors que les photos des héros du quotidien ne manquent pas sur les réseaux sociaux. Si les contraintes juridiques, notamment en termes de droit à l’image existent bel et bien et peuvent constituer un frein, il est néanmoins difficile de croire que ces dernières soient insurmontables pour un groupe comme Carrefour. D’où les questions qui ont très vite été posées au distributeur.

Mise à jour le vendredi 15 mai à 18h : ajout du tweet de réaction de Carrefour France

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