Supermarché

Le coronavirus, le retail et le monde d’après

Dans le contexte de déconfinement, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, analyse le rôle que les formats hyper et super peuvent jouer. S’ils présentent des avantages indéniables pour le consommateur, ils ont souffert du confinement. Tandis que des tendances de consommation de fond, amplifiées par la crise sanitaire, sont amenées à perdurer.

Les forces des formats hyper et super : petits prix, espace et profusion

Dans un entretien accordé au Figaro et analysé par Les Echos, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, rappelle les forces que conservent les modèles hyper et super pour accompagner les Français dans le déconfinement. Le premier : leur emplacement géographique, à l’extérieur des centre-villes, favorise leur accès en voiture. Un argument qui risque de peser alors que la France est toujours en état d’urgence sanitaire et où la distanciation physique est une obligation légale. Un point sur lequel les grands formats semblent également avoir un atout : l’espace de circulation est propice à la limitation des points contacts, les clients se croisant “au large” selon l’expression des Echos. Enfin, la profusion des produits, de surcroît à bas-prix, peut faire la différence dans un contexte où le budget des ménages est contraint.

Des éléments de perspective qui s’inscrivent dans un contexte tendu pour les formats hyper. Dans sa dernière analyse de l’évolution des parts de marché (PDM) du secteur de la distribution au P4, Kantar dévoile la plongée des enseignes Carrefour, Auchan et Leclerc. En cause : le décrochage de 8,1 points des hypermarchés en PDM pendant la période, auxquels ces trois acteurs sont particulièrement exposés. L’effondrement de la consommation en hypermarchés – mis en défaut par l’éloignement des points de vente des lieux d’habitation – bien qu’essentiellement lié à un contexte inédit, est concomitant de tendances de fond qui préexistent à la crise.

E-commerce, commerce de proximité, produire et acheter français : ces tendances de fond accélérées par la crise

La crise du coronavirus a joué un rôle d’accélérateur de tendances qui lui préexistent. C’est en tout cas ce que conclut l’étude réalisée par l’Ifop publiée au milieu du mois d’avril. Déjà en augmentation depuis ces deux dernières années, les recours aux achats en ligne et aux commerces de proximité semblent être devenues des habitudes de consommations de manière accélérée pendant la crise et appelées à perdurer. Des transformations radicales que les enseignes ont dû intégrer à marche forcée. Tel a par exemple été le cas de Monoprix, enseigne du groupe Casino, avec la mise en place de l’entrepôt automatisé de Ocado, pour répondre à l’explosion du e-commerce – qui affichait une croissance de 15% entre le 24 février et le 22 mars, avec une augmentation du taux de pénétration de 8,8 points sur la même période.

Autre tendance de fond en forte progression durant la crise : le désir des Français du “produire et consommer local”. L’article des Echos le rappelle : “depuis deux ans, le goût du local nourrit l’essentiel de la croissance des ventes de produits de consommation.” Durant le confinement, les enseignes ont redoublé d’efforts pour répondre à une exigence rendue plus aiguë encore par les événements. Une tendance d’autant plus renforcée que la crise du coronavirus pourrait avoir mis un terme à l’agribashing. Un point que semble confirmer l’étude Ifop du 12 mai “L’état d’esprit des Français à la veille du confinement”. Ils seraient 92% à estimer que le Made in France doit “absolument” perdurer après la crise. Une consommation accrue de produits français aurait cependant tendance à accroître les prix – à voir où se révélera la préférence du consommateur.

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