Fruits et légumes

Quelle hausse pour les prix des produits frais pendant le confinement ?

Consommateurs et statistiques confirment une augmentation de 18% des prix des produits frais pendant le confinement. Toutefois, elle reste à relativiser. Cette hausse plurifactorielle s’explique en grande partie par les engagements de la grande distribution à soutenir la production française – souvent plus chère que les produits importés – ainsi que par les nouvelles habitudes de consommation des Français qui se tournent vers des produits bio.

Une hausse de 18% du prix des produits frais

6 Français sur 10 ont constaté, durant le confinement, une baisse de leur pouvoir d’achat, et l’une des raisons en est l’évolution des prix des produits alimentaires frais.

En avril, l’UFC-Que choisir a analysé 116 000 produits dans 4 600 drives. Sur l’ensemble du rayon, on recense une hausse de prix moyenne de 9%. Cette hausse est de l’ordre de +6% concernant les produits conventionnels et de +12% pour les produits bio. L’INSEE note, de son côté, une augmentation plus impressionnante. Dans sa note d’avril sur l’indice des prix à la consommation, une hausse de 18,1% est observée pour les produits frais (fruits, légumes, poisson et fruits de mer), contre +3,7% l’année dernière.

Toutefois, ces chiffres doivent être analysés avec beaucoup de précautions en raison du caractère « volatil » de ce segment de produits en termes de prix, explique Marie Lecler, chef de la division « indice des prix » de l’INSEE. En effet, le niveau des récoltes et la météo sont deux facteurs conjoncturels qui influencent très largement l’offre et par conséquent les prix. Cette « évolution forte » n’est cependant pas surprenante selon elle. Les indices sur une période longue montrent que les prix des aliments frais fluctuent sensiblement entre hausses et baisses brutales. Par exemple, une hausse de 11% était recensée en 2018 et en février 2017 quand, en janvier 2002, on enregistrait une hausse de 18,4%.

En somme, la prudence est de rigueur et cette hausse nécessite une explication plus affinée : “l’inflation de ces produits est difficile à apprécier, mais il y a bien eu une hausse, sans surprise”, explique à son tour Nicolas Champ, directeur Food Retail Equity Research pour Barclays.

Des produits frais bleu-blanc-rouge plus chers

Plusieurs facteurs sont en cause. D’une part, la crise a largement déstabilisé les filières agricoles françaises et faute de main d’oeuvre, la production et la récolte ont été perturbées.

D’autre part, les enseignes de la grande distribution, qui ont fait preuve d’un « patriotisme alimentaire » d’après la formule du ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, se sont engagées à se ravitailler presque exclusivement auprès de producteurs français dont les prix restent plus élevés que les concurrents européens. De plus, la crise a impacté la chaîne logistique des camions sur la route entraînant un surcoût.

La fin temporaire des promotions dans la grande distribution ainsi que que les fermetures provisoires des marchés et restaurants ont également joué sur la hausse des prix. À cet effet, la désertion de la concurrence conduit systématiquement à une augmentation des prix.

De nouvelles habitudes de consommation adoptées par les Français

Selon Nicolas Champ, la perception des ménages quant à la hausse de prix est également le fruit des changements d’habitudes de consommation. Confinement oblige, les consommateurs ont dû privilégier les commerces de proximité, où fruits et légumes sont une denrée rare et donc plus chère. Faute de produits frais consommés habituellement, certains ménages ont dû se tourner vers des produits de substitution tels que les fruits et légumes bio, souvent plus chers.

Cependant, un retour à la normale est-il possible côté prix ? Nicolas Champ en doute. Les promotions vont réapparaître progressivement mais la question, selon lui, est de savoir si ces changements d’habitudes vont perdurer.

Force est de constater que les magasins de proximité auront toujours un coût supérieur sur le panier moyen français. Au sortir du confinement, les consommateurs vont-ils retrouver les rayons des grandes surfaces ? Immanquablement, « le retour à la normale sera progressif et on n’effacera pas huit semaines de confinement comme ça. En réalité, personne ne peut prévoir la suite”, conclut l’expert.

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