Galeries Lafayette

Comment le groupe Galeries Lafayette a-t-il traversé la crise ?

Dans une interview sur BFM TV Business, Nicolas Houzé directeur général des Galeries Lafayette et du BHV Marais, est revenu sur l’impact de la crise sanitaire sur son groupe. Il a notamment établi un premier bilan et évoqué les perspectives pour l’après crise.

La consommation s’accélère mais le trafic diminue en boutiques

La réouverture des magasins annoncée le 11 mai ne signe pas le retour massif des clients en boutiques. La fermeture des frontières entraine avec elle l’absence de touristes, premiers acheteurs dans les magasins du groupe. Toutefois, les clients fidèles sont au rendez-vous, souligne le directeur général, et la consommation redémarre progressivement.

Néanmoins, Nicolas Houzé note une ombre au tableau : les magasins doivent faire avec des horaires restreints, ce qui signifie moins de clients déambulants dans les allées et les rayons. Ce facteur engendre une baisse de la fréquentation de 20%. Mais si les clients se font plus rares que d’habitude, ils consomment davantage sur place. Et les indicateurs le confirment : le week-end de la Fête des Mères a également joué pour beaucoup et les ventes ont bien augmenté durant ces quelques jours.

1 milliard d’euros de manque à gagner

Pour rappel, la crise a amputé le groupe Galeries Lafayette d’un milliard d’euros. « Deux mois d’inactivités qui vont peser très lourd dans nos comptes » déplore le directeur général. La clientèle étrangère, principale consommatrice, creuse l’écart pour le magasin Haussmann. Pour cause, elle pèse pour plus de la moitié de son chiffre d’affaires. À la confluence du commerce et du tourisme, le directeur espère tout de même retrouver la clientèle étrangère au plus vite.

D’autres magasins comme celui des Champs Elysées, plutôt plébiscité par les touristes en temps normal, pâtit des conséquences de la crise. Peu de clients retrouvent le chemin des boutiques parisiennes, dans un contexte où le trafic global diminue lui aussi à cause de la fermeture de certaines boutiques comme Apple ou certains grands hôtels. Malgré ces difficultés, le directeur général est convaincu que les clients reviendront très prochainement grâce à leur attractivité et à leur agilité.

« Se réinventer en permanence »

Pour relancer l’activité, le directeur général considère que la reprise passera nécessairement par la réinvention. Surprendre et faire preuve d’originalité sont les nouveaux mots d’ordre que les enseignes devront revêtir.

Avec seulement 20% de chômage partiel contre 95% pendant le confinement, les salariés reprennent progressivement le chemin du travail. Ouverts de 11h à 19h, les magasins nécessiteront donc selon lui moins de personnels. Au siège social, c’est l’ensemble des employés qui retrouve leur poste avec une prédominance du télétravail au moins jusqu’au 10 juillet.

Mais le groupe connait encore quelques difficultés, concède Nicolas Houzé, notamment pour l’obtention d’un prêt garanti par l’Etat (PGE). Durement impacté par la crise, l’entreprise familiale demande un prêt autour de 300 millions d’euros. Le groupe, qui pesait près d’un milliard et demi d’euros de chiffre d’affaires, devra attendre l’accord de Bercy et des banques en pleine négociation. Toutefois, le directeur confirme que « ça devrait être une question de jours pour l’obtenir définitivement ».

Le maintien de l’activité alimentaire redonne des forces au groupe

Pour les grands magasins, la période de fermeture était rude. Faisant partie de l’UCV (Union du grand commerce de Centre-Ville), Monoprix a également pu maintenir son activité alimentaire avec la mise en place d’un protocole sanitaire très strict pour accueillir les clients réguliers.

Côté fournisseurs, le groupe a misé sur une politique de partenariats efficace. Un travail de planification a été enclenché dès l’annonce du confinement afin d’organiser au mieux les commandes. Et les délais ont été respectés : « nous ne voulons pas mettre en péril nos relations avec nos partenaires » affirme Nicolas Houzé.

Des soldes au rabais ?

Moment phare des grands magasins, les soldes ont été repoussées jusqu’au 15 juin. Selon Nicolas Houzé, il s’agit du scénario le moins catastrophique. « C’est un moment important pour les clients mais aussi pour l’écosystème global ». Le confinement a ralenti le roulement des stocks textiles dont la durée de vie reste relativement courte en raison des nouvelles collections, et si le groupe avait plutôt plaidé en faveur du maintien de la date initiale des soldes, le 15 juillet ne semble pas vraiment perturber ses plans, d’autant plus qu’il affiche déjà quelques promotions au programme.

À long terme, il apparaît évident à Nicolas Houzé que cette période de crise doit permettre au groupe de se concentrer sur deux piliers essentiels : la modernisation et la digitalisation. Sur ce dernier point, le processus est déjà amorcé avec le lancement de l’Executive Live Shopping, un service qui permet à un client d’avoir accès à un conseiller de vente via son smartphone avant de se faire expédier son colis immédiatement après la transaction. Tirer le meilleur parti de cette situation difficile et renforcer son agilité : le groupe Galeries Lafayette est lui aussi touché par la règle qui touche tous les acteurs du secteur.

Keep Exploring
parts de marchés
Retail : les investisseurs renforcent leur confiance dans les startups françaises