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Déconfinement : les inquiétudes sur le pouvoir d’achat dominent

Déconfinés le 11 mai, les Français entamaient un retour progressif à la normale, avec plusieurs phases prévues en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. Les magasins ont pu rouvrir et accueillent leurs clients avec soulagement. Mais après deux mois de confinement, où en est le pouvoir d’achat des Français ?

Une reprise très attendue

Dès le début du confinement, une grande partie de la France s’est retrouvée à l’arrêt afin de lutter contre la propagation du virus Covid-19. Seuls les magasins de premières nécessités étaient ouverts au public, la plupart des commerces ont donc été contraints de fermer leurs portes entraînant une forte chute de leur chiffre d’affaires. Certains secteurs, comme l’automobile, ont été impactés jusqu’à 90%. L’Insee estime que le niveau général d’activité en France a été amputé d’un tiers depuis la mi-mars et la France a enregistré une baisse de 5,8% du PIB au premier trimestre, une chute inédite et jamais observée depuis la création de cette statistique à la fin des années 1940.

La date du 11 mai était très attendue par les commerçants, qui espéraient une forte reprise de l’activité économique. Des mesures sanitaires strictes sont mises en place : bien que le port du masque ne puisse être obligatoire, les flux de circulation sont maîtrisés, un article essayé ne peut être reposé, les cabines d’essayages doivent être désinfectées après chaque passage, et des flacons de gel hydroalcooliques doivent être disponibles pour les consommateurs. Un budget pour les commerçants, qui si ces règles ne sont pas respectées, s’exposent à une amende de 10 000€ pour manquement aux règles d’hygiène et de sécurité. Bien que la pandémie poursuivait lentement sa décrue, dès le premier jour du déconfinement, les Français ont pris d’assaut les magasins. Après des semaines d’arrêt, la consommation est repartie plus fortement que prévue, notamment grâce aux achats de rattrapages.

Les Français prudents dans leur consommation face aux tensions sur le pouvoir d’achat

Les commerçants sont partagés entre un retour à la normale et la crainte d’une crise économique qui pèserait sur le pouvoir d’achat à la rentrée. L’indice Quantaflow/CNCC a constaté un niveau de fréquentation de 79 % dans les centres commerciaux par rapport à la normale pour cette quatrième semaine de déconfinement, soit une hausse de près de 10 % en sept jours. Pour Gontran Thüring, délégué général du conseil national des centres commerciaux, nous pouvons espérer un retour à la normale pour la rentrée, si cette évolution se maintient.  La fintech CDLK a examiné les paiements par carte bancaire de 150.000 personnes, sur un indice 100 de dépenses début mars, note une baisse à  47 atteinte fin mars, après deux semaines de confinement. L’indice est, aujourd’hui, remonté à 87, mais reste encore inférieur à son niveau de début mars.

La croissance s’amplifie, mais elle est inégale. Bien qu’un tiers des magasins enregistre une croissance d’activité de 30 %, 27 % des commerces enregistre une activité entre 0 et 15 %, tandis que près de la moitié stagne, voire sont en baisse, parfois  jusqu’à -15 %. Les habitudes de consommations ont changé durant le confinement. Aujourd’hui, les consommateurs privilégient l’équipement de la maison (meuble, décoration, bricolage),  le sport, les jouets et le textile enfant. La mode, en revanche, est impactée par les dégradations météorologiques depuis le déconfinement, qui ont eu un impact négatif sur les décisions d’achat des Français. Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce, a enregistré une baisse de 11% en termes de chiffre d’affaires sur la semaine passée, en comparaison avec la même semaine de l’année précédente. Les achats de rattrapage pour les enfants se sont par ailleurs estompés. 

Les commerces parisiens souffrent eux de l’arrêt du tourisme dans la capitale, alors que les Franciliens, sont pour la plupart encore en télétravail et évitent les transports. Yohann Petiot craint que l’arrivée des vacances d’été aie un effet négatif sur les ventes, pour lui, les soldes fixés au 15 juillet arrivent tard pour relancer cette consommation. La peur de la crise économique, du chômage partiel, voire du chômage tout court, n’encourage pas cette reprise économique, dans un contexte où 82% des Français (chiffres Nielsen) indiquent surveiller leurs dépenses depuis le début de la crise sanitaire.

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