prix sur des légumes

Après la crise, la guerre des prix va-t-elle reprendre entre les enseignes ?

Bouleversements économiques, prise de conscience environnementale, la crise sanitaire a modifié les comportements d’achat des consommateurs. Entre un pouvoir d’achat en berne et un désir de relocalisation et d’achat « made in France », les enseignes s’inquiètent de leurs stratégies de prix dans les prochaines semaines..

Des polémiques sur les prix pendant le confinement

La crise du Covid-19 a constitué un choc pour l’économie, mais le secteur de la grande distribution a su résister et a vu ses chiffres progresser durant le confinement. Alors que les hypermarchés ont été en partie délaissés pendant la crise, les magasins de proximité ont vu leur chiffre d’affaire augmenter de 39% en zone rurale et 28% en zone urbaine. Des chiffres équivalents à la période des fêtes de fin d’année d’après une étude Nielsen. Les drives et la livraison à domicile ont rencontré un immense succès, leur chiffre d’affaire ayant augmenté de 65% au niveau national. La livraison à domicile a, quant à elle, enregistré une croissance de 45% au premier trimestre de 2020. 

Dès le premier mois du confinement, de nombreux internautes ont accusé les acteurs de la grande distribution d’augmenter drastiquement leurs prix. Sur Facebook, un internaute a posté une photo comparant deux tickets de caisse sur lequel on constate une augmentation de 50% du prix du paquet de spaghetti, passant de 56 centimes au 13 février à 96 centimes au 26 mars. L’enseigne s’est rapidement défendue, indiquant qu’il s’agissait d’une erreur interne et le prix a été rapidement corrigé. Selon une étude Nielsen, les produits de la grande distribution n’ont pas augmenté durant la période de confinement. Mais ce n’est pas le cas des produits frais, qui ont eux soufferts des difficultés d’importer certains produits.

La conjoncture économique pourrait transformer le marché

La crise a modifié les habitudes de consommations des Français, au-delà même de leurs attentes. Les consommateurs, victimes de la crise, notamment en raison du chômage partiel, sont désormais confrontés à une probable baisse de leur pouvoir d’achat. La précarité des consommateurs risque d’entraîner une demande plus forte des produits à bas prix. Les enseignes Carrefour et E. Leclerc ont déjà diffusé une campagne publicitaire sur la défense du budget des Français, thème central des prochains mois.

Inquiets d’un débat sur les prix dans la grande distribution, une autre catégorie de consommateurs fait douter les enseignes : ceux dont la conscience alimentaire a changé. Pendant le confinement, la consommation de produits bio, locaux et équitables a rencontré une large progression. Bien que le commerce local et équitable ait connu une forte croissance ces dernières années (+22 % en 2019), les commerçants étaient inquiets de l’effet de la crise sur ces produits. Une tendance qui s’est finalement maintenue sur toute la durée du confinement. Les produits bio ont, quant à eux, connu une forte augmentation de leurs ventes depuis le début du confinement, allant jusqu’à 63 % à la mi-mars. Alors qu’à la mi-mars, 35 % des consommateurs déclaraient choisir des produits responsables, 45 % d’entre eux affirmaient choisir le local comme premier critère de sélection. Ainsi, certains consommateurs ont même pris le temps d’aller s’approvisionner dans des fermes. Une tendance qui reste à confirmer dans les mois à venir.

Mais cette guerre des prix bas et des promotions risque de désavantager les producteurs bio. Une guerre des prix entre enseignes pourrait entraîner un abandon des produits biologiques considérés comme plus chers de la part des consommateurs, et même des enseignes. Pour faire face, Naturalia va rassembler 150 produits existants dans une gamme à moindre prix appelés “les essentiels, à plus petit prix”. Mais pour Allon Zeitoun, directeur général de l’enseigne, « On ne sera jamais discounter. Il y a un certain prix à mettre pour avoir une alimentation de qualité, et produite en France ». Une situation que les tensions sur les prix entre enseignes risque de renforcer.

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