jambon

L’Autorité de la Concurrence sévit contre le cartel du jambon

Ils ont cru pouvoir se jouer du marché mais n’ont aujourd’hui d’autres choix que de payer une amende de 93 millions d’euros s’ils ne veulent pas en être bannis définitivement. Douze entreprises spécialisées dans la charcuterie, parmi lesquelles figurent des noms qui ne vous sont sûrement pas inconnus (Campofrio qui commercialise notamment la marque Aoste, Fleury Michon, Les Mousquetaires…), ont été condamnées pour atteinte au libre jeu de la concurrence. Le débat n’est toutefois pas terminé.

Une tentative de cartellisation avortée

Il aura fallu quelques années à l’Autorité de la Concurrence pour démêler le vrai du faux dans cette affaire. En 2011 déjà s’organisaient en sous-marin des réunions par les leaders du secteur de la charcuterie pour trouver une alternative à la hausse du prix des céréales, et donc du porc, nourris grâce à cette matière. Le but était d’orchestrer la fixation des prix de leurs produits respectifs conjointement pour assurer une plus grande rentabilité.

L’unité du cartel s’est pourtant très vite fissurée : un premier participant, Campofrio Food, négocie en 2012 une procédure de clémence (c’est-à-dire un adoucissement des sanctions à son encontre) en échange d’informations sur les pratiques illégales du collectif et sur lesdites réunions, auxquelles il continue pourtant d’assister jusqu’en 2013, mettant ainsi en péril l’accord qu’il avait passé avec la justice. Un second membre du cartel, le groupe Coop, a lui aussi tenté d’obtenir le même arrangement sans savoir qu’il avait été devancé.

De l’enquête au tribunal

L’enquête est officiellement ouverte en 2013. S’enchainent alors perquisitions, saisies des fichiers écrits et ordinateurs individuels des directeurs des achats. Les pièces à conviction recueillies tendent à confirmer les informations dont disposaient déjà les autorités mais certaines entreprises incriminées nient tout en bloc et tentent de remettre en question la légitimité des preuves, notamment celle d’un carnet fourni par Aoste retraçant le déroulé des réunions. La condamnation, qu’on pensait possible bien plus tôt, n’a pu être prononcée qu’hier une fois toutes les objections balayées, soit 7 ans après le début de l’enquête.

C’est un nouveau coup dur pour un secteur déjà très déstabilisé depuis 2019. Cette amende et le scandale qui s’ensuit, couplés au boom de la demande chinoise qui implique une hausse du cours du porc, promettent des jours compliqués pour les grandes marques de la charcuterie française. D’où le choix des groupes Cooperl et Fleury Michon qui ont annoncé vouloir contester la décision de justice.

Sur le front de la consommation, les boucheries-charcuteries font quant à elles partie des commerces les plus fréquentés depuis le déconfinement. Nul doute que la décision de l’Autorité de la Concurrence, qui sanctionne plusieurs années de mauvaises pratiques, agira comme un tonnerre dans le ciel déjà fort peu calme du secteur agro-alimentaire.

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