La crise sanitaire, si elle avait d’abord recentré le débat sur les stocks, a permis aux consommateurs de mieux s’approprier les labels et informations figurant sur les étiquettes de leurs produits préférés. Beaucoup ont pris le temps de réfléchir à ce qu’il y avait dans leur assiette, entraînant un retour en force de considérations sur l’écologie ou le bien-être animal une fois le confinement terminé. Certains distributeurs ont donc décidé de faire d’une pierre deux coups en s’orientant vers un modèle plus durable et vertueux tout en s’évitant les foudres de l’opinion publique, comme Aldi, qui a récemment mis à jour ses objectifs pour le bien-être animal.
La cause animale défraie la chronique
L’enseigne Lidl en avait fait les frais lorsqu’elle avait indiqué prendre de nouvelles mesures pour les conditions d’abattage dans les élevages avicoles où elle se fournit. Le lendemain était lancée par l’association L214 une campagne vidéo reprenant les spots publicitaires les plus connus de la marque pour y dénoncer ses pratiques contraires à l’éthique.
Le remaniement ministériel avait aussi fait l’effet d’une bombe pour les associations en lien avec la cause animale suite à l’absence de citation de cette problématique dans l’un des intitulés des nouveaux secrétariats d’Etat et la condition animale n’avait même pas figuré dans le programme de la nouvelle secrétaire d’Etat à la biodiversité Bérangère Abba.
Les engagements d’Aldi
Aldi souhaite donc intégrer sa stratégie à un modèle plus durable et respectueux de l’environnement, à la demande des consommateurs. C’est pourquoi l’enseigne centenaire, qui a à son actif pas moins de 70 000 collaborateurs disséminés dans 9 pays d’Europe, s’est engagée dans une multitude de domaines qui recoupent la notion de gestion durable des ressources (amélioration de la composition nutritionnelle des produits de sa marque, éradication des emballages non recyclables, recours à l’aquaculture et certification MSC pour les produits de la mer…).
Dernièrement, elle a publié sa politique nationale d’achat pour le bien-être animal dont les lignes conductrices sont les suivantes : travailler sur un assortiment de produits labellisés en lien avec le bien-être animal, accentuer la transparence et la traçabilité de ses approvisionnements et encourager le dialogue avec l’ensemble du secteur.
L’un des sujets brûlants qui avait valu à Lidl de nombreuses critiques concerne les élevages avicoles à propos desquels Aldi a de nombreux projets. Déjà récompensé en 2016 par l’organisme de protection animale Compassion in World Farming pour avoir cessé de se fournir en œufs exclusivement auprès d’organismes privilégiant l’élevage en cage, le groupe compte redoubler d’efforts : il s’agit d’ici 2025 ne plus avoir de partenariats incluant ce type de pratiques et de n’avoir dans les rayons en 2026 que des produits respectant les critères du European Chicken Commitment, en mettant l’accent sur l’accès au plein air et sur l’abandon des races à croissance rapide.
Comme semble l’affirmer Léo Le Ster, chargé de campagne pour l’association L214, « l’évolution des pratiques de l’industrie agroalimentaire n’est pas négociable » et la grande distribution se range petit à petit du côté de l’opinion publique (volontairement ou non), déjà conquise pour sa part.