Bio C Bon

Bio c’Bon attire l’appétit des grands groupes du retail

En faillite, l’enseigne Bio c’Bon, fondée en 2008, attire la convoitise des grands groupes du retail. Carrefour, Casino, La Vie Claire, la famille Zouari et Biocoop sont ainsi candidats pour devenir propriétaires de la firme de produits biologiques, malgré des difficultés financières apparentes. Décryptage.

Une procédure en accélérée 

L’entreprise Bio C’bon, qui réalisait en 2018 un chiffre d’affaires de 174 millions d’euros, passe désormais dans le rouge. Très endettée, l’enseigne a demandé à être placée en redressement judiciaire et a, à cet effet, déposé le bilan. Selon les salariés présents au comité social et économique extraordinaire qui s’est tenu vendredi denier, Bio c’Bon n’est plus apte à honorer financièrement ses fournisseurs. Le coup de grâce pour le troisième spécialiste du bio en France en parts de marché derrière Biocoop et Naturalia.

Avec un passif avoisinant les 40 millions d’euros, Bio c’Bon est passé depuis plusieurs semaines sous le joug du tribunal de Paris. Sur le dossier, Frédéric Abitbol, administrateur judiciaire, a pris les commandes et met au point une procédure de cession accélérée (« pré-pack cession »). Il souhaite ainsi faire germer les offres de reprise avant que l’enseigne ne dépose le bilan. Qu’il s’agisse de l’enseigne ou du futur repreneur, chaque partie prenante a intérêt à ce que le processus de reprise avance à grande vitesse afin d’éviter que la situation ne se dégrade. 

Cinq offres de reprise

Que la reprise soit partielle ou totale, de nombreuses enseignes ont déjà mis sur la table des offres pour l’enseigne de produits biologiques. Thierry Chouraqui, président de Bio c’Bon, indique ainsi que cinq enseignes ont été retenues dans le cadre d’une cession accélérée, sans toutefois dévoiler leur identité.

La famille Zouari, actionnaire à 43% de Picard, a fait de nouveau part de son intérêt malgré les difficultés financières apparentes de l’enseigne Bio c’Bon. Entrée en négociations exclusives en juin, les actionnaires du groupe Picard n’ont pas encore sauté le pas, la privant de facto la primauté. Mais une offre initiale, qui prévoit la reprise totale des actifs, a été délivrée ces derniers jours et comprend les 158 magasins possédés en propre (sans les murs), la centrale d’achat, le siège, les entrepôts et 90% de ses 1 500 salariés. La famille Zouari souhaite ainsi « préserver l’intégrité de Bio c’Bon et ses emplois » tout en apportant une nouvelle dynamique de développement au groupe. 

D’autres enseignes spécialisées se joindront à la partie et porteront davantage leur attention sur les points de vente plutôt que sur l’enseigne : Biocoop, La Vie Claire et Naturalia ont à leur tour déposé une offre de reprise tout comme les enseignes de grande distribution Carrefour et Casino. Un large choix s’offre donc au tribunal de commerce qui devra prochainement trancher. 

Des difficultés structurelles

L’enseigne traine derrière elle un lourd fardeau. La conjoncture actuelle , après la crise des « Gilets Jaunes », les grèves et le choc sanitaire et économique, n’a pas épargné la firme. Néanmoins, des observateurs du dossier pointent du doigt des difficultés structurelles, et notamment des erreurs de gestion de la part des dirigeants.  Avec un découpage en multiple sociétés (chaque magasin représentant une société), l’entreprise Bio c’Bon s’est retrouvée prise dans un maillage complexe, note un délégué syndical CFDT. Mise en cause, « la légèreté » de la direction qui n’a pas su gérer la croissance rapide de l’enseigne. 

Autre bête noire, l’enseigne, vendue comme un placement financier depuis quelques années, possède à son actif de nombreux particuliers, attirés par la promesse d’un rendement de 5 à 6%. Si ces investisseurs représentaient 25% du capital en 2018, aujourd’hui, le risque est élevé et il se pourrait qu’ils perdent gros. 

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