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La grande distribution fait bloc après les annonces du gouvernement

10 acteurs de la grande distribution (Auchan, Intermarché, Netto, E.Leclerc, Carrefour, Casino, Cora, Lidl, Aldi et Système U) ont adressé, en fin d’après-midi, une lettre au Premier Ministre, Jean Castex pour protester contre une possible fermeture des rayons de produits « non-alimentaires ». Pour ces acteurs, une telle décision, en plus d’être incompréhensible, techniquement difficile à mettre en œuvre serait extrêmement préjudiciable à l’emploi selon eux.

Alors que les annonces récentes de plusieurs membres du gouvernement, et notamment le discours tenu par Bruno Le Maire à l’occasion de son intervention ce midi à l’occasion de l’émission BFM Politique proposant de fermer les rayons de produits non-essentiels, laissent présager une potentielle situation ubuesque et critique pour l’ensemble du secteur de la grande distribution, les principaux acteurs de la distribution alimentaire hexagonale font part de leur “totale incompréhension” et de leur “opposition face à la fermeture envisagée des rayons non-alimentaires” de leurs magasins. Dans une lettre adressée au premier ministre Jean Castex, les 10 distributeurs les plus importants de France s’inquiètent d’une possible entrée en vigueur de cette mesure, de la difficulté de la mettre en application concrètement et de ses conséquences négatives pour l’emploi, dans un contexte de concurrence accrue avec le e-commerce et les GAFAM. Une logique qui ne manque de susciter l’étonnement du secteur, alors même que le second confinement, tel que décrit par Emmanuel Macron mercredi dernier, s’annonçait moins coercitif pour le commerce. Un discours qui n’aura tenu que quelques heures et qui a cédé la place à ce qui pourrait constituer l’un des pires coups portés à l’ensemble du secteur. À croire que le gouvernement n’a guère cherché à tirer les leçons du premier confinement, et de la manière dont il a affecté les acteurs de retail français.

Une décision incongrue tant sur le plan sanitaire qu’économique

La communication quelque peu brouillonne et erratique du gouvernement pour cette nouvelle séquence de confinement, entre logiques de dérogation et mesures d’exception, ne manque pas d’ajouter de la confusion dans un pays qui n’en demandait pas tant. En se faisant le porte-voix improbable et pour le moins inattendu de revendications sans fondements sanitaires et économiques issues notamment de certaines franges de l’extrême gauche, le gouvernement crée les conditions d’une mise en difficulté sans précédent du secteur de la grande distribution. Une situation d’autant plus problématique qu’elle ne relève, comme le souligne les acteurs de la grande distribution dans le courrier adressé au Premier Ministre, d’aucune justification d’ordre sanitaire. D’autant qu’en matière de sécurité sanitaire, faut-il le rappeler, la grande distribution depuis le printemps s’est montrée exemplaire, tant par sa capacité à faire bloc que par ses mesures rapides et concrètes ayant permis d’assurer la sécurité sanitaire des des collaborateurs et des consommateurs.

Entre désastre social et voie royale pour les GAFAM

La fermeture des rayons non-alimentaires, outre le défi technique sans précédent qu’elle poserait à l’ensemble du secteur, pour tracer des délimitations pour le moins poreuses entre ce qui relève de l’alimentaire et du non-alimentaire, dans des rayons qui mélangent bien souvent les deux, constituerait une énième voie royale à des acteurs comme Amazon qui décidément n’en demandait pas tant. Arguant de la nécessité de faire respecter une nécessaire équité, les acteurs de la grande distribution demandent ainsi au gouvernement “d’empêcher Amazon, dont le modèle repose sur la prédation fiscale en France et en Europe, d’être le grand gagnant des mesures qui pourraient être annoncées”. Pour ces acteurs, le discours des membres du gouvernement au cours de ces dernières heures tend à paver la voie à un acteur comme Amazon, en lestant de plomb les acteurs traditionnels du commerce physique, tandis que le géant Américain du e-commerce aurait les mains libres pour accélérer son emprise tant sur le secteur du e-commerce alimentaire et non-alimentaire. Une situation inconcevable, alors même que des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu et que l’une des conséquences directes, en cas de maintien de cette décision concernant la fermeture des rayons non-alimentaires, reviendrait à la mise au chômage de milliers de salariés du secteur. Une situation catastrophique “sans aucune justification réelle”, comme l’indiquent les 10 signataires de cet appel à Jean Castex.

À noter que cet appel avait été précédé ce dimanche par la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) qui s’est opposée dans une communiqué et via une prise de position publique de Directeur général, Jacques Creyssel, à cette potentielle décision.

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