Le e-commerce, le secteur qui n’a pas connu la crise pendant le confinement

E-commerce

La crise du Covid19 a percuté de plein fouet l’intégralité des secteurs de l’économie française et a marqué notre vie quotidienne pendant de longues semaines. Une des tendances de long terme dont il a permis le renforcement est assurément le développement du e-commerce et l’habitude prise par le consommateur de réaliser ses courses en ligne, au moins pendant une partie du processus d’achat.

Le 14 avril dernier, le tribunal judiciaire de Nanterre rendait sa décision : Amazon, acteur incontournable du marché de l’e-commerce, a vu son activité se restreindre fortement en France aux produits de première nécessité. En cause ? Les conditions de travail et des installations qui n’étaient pas aux normes pour protéger ses salariés, en pleine période de Covid-19. Cette décision intervient alors que le marché du e-commerce est en plein essor, dû notamment au confinement. Une aubaine pour les autres acteurs du secteur qui se sont rapidement positionnés sur cette part de marché vacante.

Des acteurs du e-commerce, les maillons-forts de la consommation pendant le Covid-19

Gestes barrières, distanciation sociale, fermetures des commerces qui ne sont pas de première nécessité, etc… les mesures mises en place pour le confinement ont largement transformé nos échanges et interactions vers le tout-numérique. En ajoutant la restriction de l’activité d’Amazon, les autres acteurs ont su tirer leur épingle du jeu durant le confinement.

FNAC Darty, qui avait dû fermer ces 880 magasins en France, a transformé depuis le 19 mars dernier son activité en « pure online », assurant que les « consignes très strictes » de sécurité pour garantir la sécurité de ses employés dans les entrepôts. Les commandes sur la Fnac.com « ont connu une très forte augmentation depuis le début du confinement », selon les syndicats CGT et CFDT de l’enseigne.

Decathlon, malgré la fermeture de ses 325 magasins en France pendant le confinement, a su bénéficier de la frénésie des ventes sur Internet. Ces dernières ont été multipliées par quatre, se chiffrant à 2,5 millions d’articles vendus. En réponse à la fermeture des salles de sport, « 30 % des commandes sur Internet étaient constituées de produits volumineux de fitness, comme les vélos d’appartement, les rameurs… et, dès les beaux jours, se sont rajoutés tables de ping-pong et trampolines », énumère l’entreprise.

Cdiscount, filiale du Groupe Casino, a communiqué le 10 avril sur sa mobilisation « en faveur de la continuité d’activité des TPE-PME des secteurs prioritaires du commerce alimentaire de détail, du transport de marchandises et de la logistique, pour leur permettre de s’approvisionner en masques chirurgicaux ». Cette continuité a été possible grâce à la plateforme Cdiscount Pro, sur lequel près de près de 10 millions de masques ont été vendus. L’acteur du e-commerce a enregistré une hausse de trafic de 35 % entre mars et avril.

La crise a accéléré le développement du e-commerce pour les enseignes alimentaires

Le drive alimentaire des enseignes alimentaires a aussi connu un beau succès durant cette période. Selon le baromètre de Foxintelligence, les grandes surfaces ont su mettre rapidement en place des solutions de vente digitale et de drive pour faciliter les courses. Elles ont ainsi regagné du terrain dans le secteur du e-commerce, avec une hausse de 18%.

À l’image de l’une des enseignes du Groupe Casino, Franprix, qui a misé sur l’e-commerce et la livraison et ce, dès 2017. A l’annonce du confinement, l’enseigne a ainsi rapidement pu mettre en place ses alternatives en renforçant ses dispositifs de « Click & Collect » et livraison à domicile avec l’entreprise Deliveroo.

La Fédération de la vente à distance et du e-commerce a en effet confirmé que les commandes concernant l’alimentaire ont explosé durant le confinement, Nielsen chiffrant à un doublement des achats. Avec près de 1,2 million de foyers dont 500 000 retraités qui ont testé le Drive, le taux de croissance du e-commerce alimentaire est affiché à 98%. Selon l’étude Nielsen, le drive a été un moyen privilégié par les Français pour faire ses courses durant le confinement.

Alors que la phase 2 du déconfinement vient de s’ouvrir, la question de la pérennité de cette tendance se pose. Différentes études sur le comportement de consommation des Français tendent à aller dans le sens d’une installation pérenne de la pratique. Pour Gaëlle Le Floch, directrice strategic insights de la division Wordpanel de Kantar, cette nouvelle tendance de consommation perdura : « 30% des Français prévoient de continuer d’y aller à l’issue du confinement ». A l’instar d’Edouard Nattée, directeur général de Foxintelligence, pour qui l’arrivée des baby-boomers sur le marché du e-commerce – leur nombre a été multiplié par cinq – semble prouver cette pérennité : « on n’a jamais vu des taux de pénétration du commerce en ligne aller dans le sens d’une réduction. Le fait que ce soit de nouveaux segments de population qui se convertissent nous pousse à croire que la tendance va se maintenir. »

Le retour d’Amazon : vers une redistribution des cartes du secteur du e-commerce ?

Après plusieurs semaines d’activités restreinte et un long dialogue social, vendredi 15 mai, la direction d’Amazon et les syndicats annonçaient avoir trouvé un accord. Six entrepôts de distribution ont ainsi été réouverts le 19 mai, sur la base du volontariat et dans le respect des mesures sanitaires.

Largement plébiscitée en France, l’image de l’entreprise semble néanmoins avoir été entachée durant le confinement. La confiance des consommateurs a été perdue à cause de reportages ou articles mettant notamment en avant le manque de réactivité de la direction à mettre en place des mesures sanitaires pour les salariés.

Alors que l’e-commerce a le vent en poupe et malgré sa fragilité, il y a fort à parier que le retour d’Amazon, géant du e-commerce, sur les devants de la scène du secteur va encore redistribuer les cartes des parts du marché.

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