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L’enseigne Leclerc de Viry-Châtillon a-t-elle vraiment augmenté ses prix pendant la crise sanitaire ?

Les impressions des consommateurs de l’enseigne Leclerc de Viry-Châtillon, dans l’Essonne, rapportées par un article du Parisien, reflètent une tendance globale : les Français s’inquiètent d’une hausse des prix. Si certains veulent y voir une hausse délibérée de la part de la grande distribution afin d’engranger des bénéfices sur le dos de la crise sanitaire, la réalité est tout autre. L’augmentation du prix des produits frais et les ruptures des produits d’entrée de gamme en sont la cause.

Les inquiétudes des clients de l’enseigne Leclerc de Viry-Châtillon concernant la hausse des prix

À la vue de leur ticket de caisse, certains client du supermarché Leclerc de Viry-Châtillon font part d’une hausse significative de leur budget alimentation. C’est le cas d’une mère de famille pour qui le panier d’achat est passé à “330€ contre “250€ habituellement”. Une situation qui pèse sur le pouvoir d’achat de ce ménage modeste, d’autant plus que son mari est en chômage partiel. Un cas qui est loin d’être isolé, plusieurs clients de ce supermarché ayant remarqué une hausse des prix sur certains produits. C’est le cas de certains produits laitiers, issue de la marque Éco-Plus. Des produits qui, selon l’enseigne, échappent, comme pour les produits agricoles, à la limitation des prix décidée par celle-ci sur 4000 produits Marque Repère.

La variation du montant du panier d’achat est particulièrement ressentie par les consommateurs issus des quartiers défavorisés, le taux de pauvreté atteignant 45% de la population à Grigny, une commune voisine de Viry-Châtillon. Face à l’inquiétude de ses administrés, le maire PCF de Grigny déplore la hausse des prix, qu’il observe lui même dans les rayons du supermarché Leclerc. Selon lui, cette situation soulève des problèmes de sécurité alimentaire, craignant que plusieurs ménages n’aient plus accès à certains produits.

Si au premier abord, l’augmentation des prix rapportée par ces consommateurs peut être perçue comme une volonté délibérée du magasin Leclerc, plusieurs facteurs qui lui sont indépendants expliquent la tendance haussière.

La hausse du prix du panier d’achat s’explique par la hausse du prix des produits frais

La hausse de la facture totale lors du passage en caisse est en partie liée à l’augmentation du prix des fruits et légumes, qui est observée depuis le début des mesures de confinement par les panélistes et associations de consommateurs. Selon UFC Que Choisir, entre la semaine du 2 au 7 mars et celle du 6 au 11 avril, la hausse des prix sur le rayon est de 9%, avec une variation de 6% pour les produits conventionnels et de 12% pour les produits bio. Un renchérissement des produits bio qui est relevé au supermarché Leclerc de Viry-Châtillon, par le maire de Grigny qui remarque une hausse d’un euro en moyenne sur les produits laitiers bio.

Une hausse justifiée par “l’origine française” des fruits et légumes dans les rayons du supermarché, selon l’enseigne Leclerc. Une offre “Made in France” consécutive à un mouvement de solidarité envers les producteurs français privés de nombreux débouchés mais aussi résultat de la fermeture des frontières. En effet, les limitations d’importations de produits moins chers en provenance de l’Union européenne, dont l’Espagne, ont fait disparaître des produits d’entrée de gamme. Une justification qui est aussi celle de Jacques Creyssel, président de la Fédération du commerce et de la distribution, et de l’exécutif par la voix de Bruno Le Maire. Une inflation qui est aussi le résultat d’une hausse du prix des transports, évaluée à 16% selon une étude de l’ANIA (Association nationale des industries alimentaires). La pénurie de main d’œuvre à bas coût en provenance de l’étranger peut aussi expliquer la hausse du coût de récolte qui se répercute sur le prix final.

La rupture de certains produits d’entrée de gamme conduit à la hausse du prix du panier d’achat

À la hausse des produits frais, il faut ajouter les situations de rupture sur les produits d’entrée de gamme qui peuvent expliquer la hausse du panier d’achat. C’est ce qu’explique l’enseigne Leclerc qui reconnaît que “certaines références peuvent alors ponctuellement manquer en rayon” ce qui conduit à ce que “les clients prennent alors une référence disponible, parfois un peu plus chère”. Par conséquent, dans le cas où les produits MDD ne sont pas disponibles, le consommateur est contraint d’acheter des produits plus chers. C’est le cas par exemple des œufs, de la farine, ou du pain de mie. D’autant plus que ces produits sont plus exposés à des risques de rupture en ce qu’ils constituent la majeur partie des achats de précaution effectués par les Français.

Comme le confirmait le panéliste IRI, les prix sont relativement stables depuis le début de la crise sanitaire. Néanmoins, l’enseigne Leclerc n’échappe pas à des hausses sur certains produits. Résultat de tensions sur la chaîne d’approvisionnement et de distribution dans le contexte de la crise sanitaire. Pour les ménages, à la logique de prix s’est substituée la logique de disponibilité des produits, faisant augmenter le prix du panier d’achat. Une évolution globale des prix sur l’ensemble du secteur, à l’égard de laquelle les acteurs de la grande distribution ont toutefois pris des mesures.

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