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Signature d’un partenariat entre Carrefour et Uber Eats

Le géant de la grande distribution Carrefour et la plateforme de livraison Uber Eats lancent un service de livraison de courses. L’expérimentation, d’abord concentrée sur la région parisienne, débute le 6 avril, cinq jours après la signature d’un partenariat entre les deux entreprises. L’objectif est d’assurer l’approvisionnement des Français en produits de première nécessité. Une collaboration inédite qui ne manquera pas de faire réagir dans le secteur du retail, tant les rumeurs de rapprochement avaient été nombreuses.

Une quinzaine de magasins Carrefour de la région parisienne seront enregistrés sur la plateforme de livraison afin de livrer des produits alimentaires mais aussi d’hygiène et d’entretien. L’objectif pour l’enseigne est de généraliser cette expérimentation à l’ensemble du territoire français. Les frais de livraison seront offert, pris en charge par Uber Eats, durant tout le mois d’avril. Les commandes se feront via l’application Uber Eats, avec des délais de livraison d’environ 30 minutes. L’utilisateur peut choisir différentes options, dont “À laisser devant la porte”, un geste barrière bienvenu dans le cadre de la crise sanitaire. Ce nouveau service s’inscrit dans une tendance de consommation, ancienne, mais renforcée par la crise du Covid-19 : celle de la livraison à domicile.

Un partenariat Carrefour – Uber Eats pour livrer des produits de première nécessité dans le cadre du Covid-19

Est-on à l’aune d’un changement majeur des comportements de consommation ? Depuis le début de la crise sanitaire, de plus en plus de Français sont séduits par les achats en ligne et livraison à domicile afin d’éviter les contacts humains en magasin. Une nouvelle clientèle qui pourrait être convaincue par les autres avantages de ce service, dont le gain de temps ou la praticité. Selon une étude du cabinet Nielsen, la livraison à domicile a augmenté de 72,2% entre le 2 et le 8 mars, comparé à la même période l’année dernière. Une hausse significative qui témoigne de l’intérêt des Français pour ce service et qui devrait se confirmer dans le contexte du confinement, caractérisé par une restriction des déplacements.

Par conséquent, la grande distribution se doit de s’adapter à cette nouvelle et forte demande, poussée par de nouveaux comportements d’achat, en proposant de nouveaux services. Alors que la fréquentation du site internet de Carrefour a très fortement augmenté, les capacités de livraison des acteurs de la grande distribution sont limitées. Bien souvent, elles se restreignent à des zones géographiques précises, dont les zones urbaines, où la population a davantage recours à ces services. Par conséquent, la couverture territoriale n’est pas optimale et les distributeurs ne peuvent répondre à l’ensemble des demandes. Face à cette sollicitation, la grande distribution recherche donc de nouveaux fournisseurs avec de fortes capacités de livraison. C’est dans ce cadre que s’inscrit le nouveau partenariat entre Carrefour et Uber Eats. Amélie Oudéa-Castéra, directrice exécutive e-commerce chez Carrefour, explique que “s’appuyer sur l’agilité d’Uber Eats et la largeur d’audience de son application permet de démultiplier l’accès aux Français”. En misant sur le digital via un accord avec un partenaire de poids, l’enseigne de la grande distribution souhaite montrer sa capacité de réaction, dans un contexte marqué par des contraintes sanitaires et des demandes nouvelles.

La grande distribution cherche depuis longtemps à développer ses services de livraison

Dans un marché ultra-concurrentiel, les enseignes de la grande distribution cherchent à se démarquer en misant sur de nouveaux services en phase avec les nouvelles attentes des consommateurs. De fait, et cela bien avant la crise sanitaire, les enseignes ont développé des services de livraison, pleinement intégrés dans les habitudes de consommation des Français. Ce service permet aux distributeurs d’atteindre de nouveaux segments clients, avec des temps de consommation (dimanche, en soirée) en rupture avec les horaires dits atypiques. Un gain de chiffre d’affaires non négligeable, potentiellement durable sous l’effet d’une fidélisation de la clientèle.

Afin d’entrer sur le marché de la livraison à domicile, les enseignes ont développé leur propres plateformes de livraison voire, parfois, leurs propres applications mobiles. Mais face aux mastodontes de la livraison en ligne, dont Uber Eats, les modalités offertes par la grande distribution ne semblent pas en mesure de rivaliser (délai de livraison, capacité de traitement…). Si des tentatives émergent, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un défi logistique de taille. Les coûts logistiques, dont ceux du dernier kilomètre, exercent une pression importante sur le modèle de rentabilité, d’autant plus en cas de petite quantité d’achat.

En conséquence, le recours à un partenaire externe pour les activités de livraison peut s’avérer être un choix stratégique payant. Cela permet de bénéficier d’une expertise réelle, de limiter ses investissements tout en bénéficiant d’une clientèle acquise et fidèle aux transporteurs. De son côté, la grande distribution peut proposer sur ces plateformes un large choix d’assortiments afin d’étayer l’offre et de gagner des consommateurs. En ce sens, le rapprochement entre Carrefour et Uber Eats, discuté, et maintenant précipité par la crise du Covid-19, répond à ces ambitions.

Une collaboration Carrefour- Uber Eats qui va largement dépasser le contexte du Covid-19 ?

Nul doute que ce partenariat, au même titre que les habitudes d’achat, devrait se pérenniser après la crise du coronavirus. Carrefour souhaite “épaissir dans la durée cette relation, et progressivement y intégrer plus que des courses du quotidien avec des livraisons de repas, qui peuvent aujourd’hui être préparés dans nos supermarchés”. Preuve que le partenariat vise à s’inscrire sur le long terme, comme pouvait déjà le faire penser les discussions et rapprochements survenus en amont de la crise sanitaire. Pour Carrefour, l’enjeu est alors de diversifier son offre, alors que la structure de l’hypermarché traditionnel se fait vieillissante, et que les technologies d’achat prennent de plus en plus de place dans l’expérience client. Mais les avantages sont aussi à chercher du côté du géant de la livraison. Ce partenariat permet à Uber Eats d’entrer sur le marché de la grande distribution alors que l’offre était limitée à des produits en provenance des restaurateurs. En toute logique, cela représente un gain de consommateurs non négligeable. C’est aussi l’opportunité de fidéliser une clientèle ou d’en attirer une nouvelle, jusque là peu enclin à commander ou acheter sur smartphone.

Si le sujet de la livraison est particulièrement prégnant dans le milieu urbain, les nouvelles habitudes d’achat qui seront, au lendemain de la crise sanitaire, conservées par certains, devraient étendre cette tendance à l’ensemble du territoire français. Si cela se confirme, la grande distribution devra faire preuve d’une capacité de livraison importante. En ce sens, les partenariats de cette nature constitueront un avantage certains. Les accords entre la grande distribution et les acteurs de la livraison devraient donc fleurir dans les semaines et mois à venir.

Les digues qui opposaient, autrefois, la grande distribution aux acteurs de la livraison ont cédé sous la pression des enjeux soulevés par la crise du coronavirus. Cette réponse conjoncturelle devrait progressivement glisser vers une réponse structurelle, en phase avec les nouveaux modes de consommation. Témoignage des nouvelles synergies à l’œuvre et à venir dans le domaine de la grande distribution.

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