L’annonce de la fermeture prochaine de l’usine Orangina de La Courneuve suscite de vives réactions et soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir industriel et social du territoire. Ce site emblématique, implanté depuis plus de cinquante ans en Seine-Saint-Denis, fait face à une réorganisation majeure orchestrée par le groupe Suntory.
Entre enjeux économiques, impact sur l’emploi local et stratégie industrielle, cette décision marque un tournant pour l’un des acteurs historiques du secteur des boissons en France. Les regards se tournent désormais vers les salariés, les élus et la direction, à la recherche de solutions pour limiter les conséquences de cette fermeture.
Fermeture de l’usine Orangina à La Courneuve : une décision brutale, sans concertation ni avec les 105 salarié•e•sdu site, ni avec les élu•e•s locaux.
Le groupe Suntory a annoncé ce matin la fermeture de son site de production installé à La Courneuve depuis 1970. Une…
— Stéphane Troussel (@StephanTroussel) October 2, 2025
Fermeture de l’usine Orangina de La Courneuve : une décision stratégique
Suntory Beverage & Food France a officialisé la fermeture de son site historique de La Courneuve d’ici fin 2026, invoquant plusieurs facteurs déterminants. L’usine, construite dans les années 1970 et située en centre-ville, souffre de contraintes logistiques et d’un vieillissement de ses infrastructures, rendant toute modernisation difficile.
Nathalie, 52 ans, salariée depuis 25 ans à l'usine
Par ailleurs, la baisse continue des volumes de production près de 10 % depuis 2022, soit l’équivalent de la production annuelle du site s’ajoute à un contexte économique tendu, marqué par l’inflation, la hausse des taxes sur les boissons sucrées et le recul des ventes. Cette réorganisation vise à renforcer la compétitivité du groupe en concentrant les investissements sur trois sites plus performants.
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Conséquences sociales et réactions locales
La fermeture du site de La Courneuve entraînera la suppression de 50 postes, tandis que 56 emplois seront transférés vers l’usine de Donnery (Loiret). Suntory Beverage & Food France s’engage à accompagner les salariés concernés via des dispositifs de mobilité interne, des aides à la reconversion et des mesures de soutien personnalisées.
Sophie, 33 ans, technicienne qualité
L’annonce a suscité une vive inquiétude parmi les employés et les représentants syndicaux, qui dénoncent la brutalité de la décision et réclament des garanties sur les conditions de départ. Les élus locaux, dont le maire de La Courneuve et le président du conseil départemental, exigent l’ouverture d’un dialogue et l’examen d’alternatives pour préserver l’emploi et l’activité industrielle sur le territoire.
Réorganisation du réseau industriel et investissements prévus
Après la fermeture programmée de La Courneuve, Suntory Beverage & Food France réorganise sa production autour de ses trois sites restants Donnery, Meyzieu et Châteauneuf-de-Gadagne. La production et une partie des effectifs seront progressivement transférées vers Donnery, qui verra également une redistribution de ses volumes vers Meyzieu, puis vers le site vauclusien, afin d’optimiser la répartition des capacités industrielles.
Site concerné | Localisation | Rôle prévu après 2026 | Impact sur l’emploi |
---|---|---|---|
La Courneuve | Seine-Saint-Denis (93) | Fermeture du site historique | 50 postes supprimés |
Donnery | Loiret (45) | Accueil des volumes de production transférés | +56 postes transférés |
Meyzieu | Rhône (69) | Soutien logistique et répartition des flux | Renforcement de capacités |
Châteauneuf-de-Gadagne | Vaucluse (84) | Soutien complémentaire à Meyzieu | Modernisation prévue |
Pour accompagner cette transformation, le groupe investira plus de 170 millions d’euros sur cinq ans dans la modernisation et l’optimisation de ces usines, avec pour objectif de renforcer leur compétitivité, soutenir l’innovation et accélérer la transition environnementale de l’entreprise en France.
Un secteur sous pression : défis structurels et impact sur l’emploi
Le secteur des boissons rafraîchissantes en France traverse une période de turbulences, confronté à une inflation persistante, à une fiscalité accrue notamment via la taxe sur les boissons sucrées et à la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs. Ces difficultés structurelles poussent les industriels, à l’image de Suntory, à rationaliser leur outil de production.
D’autres acteurs, comme Coca-Cola Europacific Partners, ont également fermé des sites tout en réinvestissant ailleurs. Si ces restructurations visent à préserver la compétitivité et l’ancrage local, elles soulèvent des enjeux majeurs pour l’emploi et la vitalité industrielle des territoires, alors que 97 % des boissons Suntory consommées en France sont encore produites sur le sol national.