Supermarché

La Fédération du Commerce et de la Distribution livre son analyse sur la gestion de crise

La période de confinement a été un défi considérable pour le secteur de la grande distribution. Les mesures de sécurité et les rumeurs de pénuries ont mis à l’épreuve les magasins alimentaires, qui ont malgré tout tenu bon jusqu’au bout. Un nouveau défi se présente à eux aujourd’hui : le déconfinement et les conséquences du coronavirus.

Une crise inédite

Le secteur de la grande distribution a joué un rôle essentiel lors de cette crise, bien que le confinement et les restrictions liées aux Covid-19 ont perturbé l’organisation des enseignes alimentaires et le comportement d’achat des Français. Limités à des sorties d’une heure par jour dans un rayon de 1km, les consommateurs se sont réfugiés dans les magasins alimentaires de proximité. Pour Jacques Creyssel, délégué général de la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), “leur mission était claire”. L’objectif d’assurer la continuité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, d’éviter tout risque de pénurie et de limiter au maximum les éventuelles fermetures de magasins a été réalisé avec succès.

L’accompagnement réalisé par le gouvernement a constitué une aide précieuse pour les enseignes. “Dès le 15 mars midi, Bruno Le Maire nous a réunis, avec les industriels, et a demandé de mettre au point un guide de bonnes pratiques sanitaires pour rassurer à la fois nos salariés et nos clients. Nous l’avons fait tous ensemble, les adhérents de la FCD, Leclerc et Intermarché, dès l’après-midi même. Et le lendemain, les affiches étaient prêtes et partaient en magasins et dans les drive pour y être déployées.” Leur implication, ainsi que celle des différents partenaires et de leurs équipes ont permis à tous les Français de continuer à se nourrir dans des conditions exceptionnelles, notamment grâce à l’approvisionnement des producteurs français.

À la question “Pensez-vous que la solidarité qui s’est manifestée, pendant la crise, entre les maillons de la chaîne alimentaire va-t-elle continuer ?”, Jacques Creyssel répond par l’affirmative. Pour lui, la crise a “créé de la confiance et renforcé les relations entre tous les responsables. Tout ne sera pas réglé par enchantement, car certains fondamentaux économiques existeront toujours. Mais nous avons montré notre capacité à agir ensemble pour le bien commun.”

Le déconfinement : un nouveau défi

Le déconfinement lancé le 11 mai a soulevé de nombreux défis. La survie des petits commerces, la hausse des prix, ainsi que la distribution et les rumeurs de possession de masques en ont constitué les plus fondamentaux pour les enseignes. Pour Jacques Creyssel, “il ne faut pas se cacher que les prochains mois vont rester très difficiles, le retour à un trafic normal dans les magasins sera très progressif”, et de poursuivre : “La prolongation de la fermeture des bars et restaurants va lourdement handicaper certains acteurs du commerce de gros. Le quasi-arrêt du tourisme étranger, notamment chinois, va affecter profondément de nombreux magasins. Et la baisse globale du pouvoir d’achat des ménages va avoir des conséquences graves sur l’activité.”. Les prévisions sont difficiles, mais trois évolutions sont éventuellement à prévoir : l’accélération du modèle omnicanal, le renforcement des grands acteurs transnationaux et le renforcement de l’attention aux risques dans toutes les entreprises. “La pandémie actuelle montre qu’il faut essayer de davantage penser l’impensable”.

Autre défi de taille : depuis le 4 mai, la grande distribution vend des masques au grand public. “Les enseignes achetaient déjà en quantité, pour leurs salariés et pour fournir les PME, depuis le 23 mars, date de la levée de la réquisition des masques jusqu’alors réservés au personnel de santé par les pouvoirs publics” d’après Jacques Creyssel. Pour lui, la polémique sur le sujet de la vente de masques par la grande distribution “s’est éteinte d’elle-même car on a vu [très vite] qu’il y avait un nombre de masques relativement peu élevé dans les magasins et que toute une série de points de vente ne seraient livrés qu’à partir du 11 mai, notamment ceux de proximité dans les grandes villes. C’était une polémique indigne, d’autant plus que cela répondait à une demande du gouvernement et que nous avions pris l’engagement de ne vendre qu’un nombre limité de masques (deux en tissu ou une boîte de masques chirurgicaux par personne), et de les vendre à prix coûtant…il n’y avait pas du tout de stocks cachés !”

Qu’en sera-t-il pour l’après crise ? Pour Jacques Creyssel, “certains fondamentaux vont rester les mêmes et seront même accentués : la recherche de produits de qualité, l’achat de produits considérés comme bons pour la santé, le recours accru à des services de livraison et le développement de l’économie de l’usage. Le reste est plus incertain : les Français continueront-ils à faire des gâteaux chez eux ? Accepteront-ils de payer durablement plus chers certains produits français ? Après une telle crise, il est en tout cas de l’intérêt de tous que ces deux impératifs puissent se concilier, ce qui suppose une réflexion collective à l’échelle de la filière sur les conditions d’une souveraineté alimentaire, en particulier sur les taxes, charges et normes qui expliquent aujourd’hui largement les différences de prix avec nos voisins européens.

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