Pommes de terre

Covid-19 : non, les pommes de terre n‘ont pas connu une hausse spectaculaire des prix chez Carrefour

Depuis le début du confinement, des internautes ont manifesté leur impression de voir le prix de leur panier de courses fortement augmenter. Certaines fake news induisent les consommateurs en erreur, mais dans les faits les professionnels l’assurent, les prix restent stables, à l’exception peut-être des produits frais.

Un montage photographique trompeur sur les prix dans la grande distribution qui induit le consommateur en erreur

Depuis quelques semaines, des publications relaient, sur les réseaux sociaux, un montage sur lequel figurent deux photographies de sacs de pommes de terre étiquetées. Les clichés semblent avoir été pris dans un magasin Carrefour Market, situé à Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente Maritime).

À la vue de ces images, ce qui frappe, c’est l’évolution du prix au kilo. De 1,39 euros le 1er avril, il passe à 7,50 euros en une semaine, soit un prix multiplié par cinq, pour ce qui est présenté comme le même produit.

Sur son site internet, Carrefour a tenu à répondre aux consommateurs en fournissant des informations complémentaires. En réalité, au début du confinement, l’enseigne commercialisait une variété de pommes de terre primeur ordinaire qui a été remplacée par une variété de pommes de terre cultivée uniquement sur l’île de Ré. Il s’agit d’une petite production qui est contrôlée par une seule coopérative qui empêche toute autre production sur l’île.

Le montage est donc biaisé par le fait qu’il n’y a pas de photographie des pancartes en rayon où les informations sur l’origine des produits sont bien visibles.

Une faible augmentation du panier moyen mais une hausse des prix pour les produits frais

Dans les grandes surfaces, les prix des produits de grande consommation sont restés stables, conformément aux annonces de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. L’association de consommateurs UFC-Que choisir a également noté que le prix avait très peu augmenté dans les grandes enseignes. En effet, la hausse des prix de produits de première nécessité est de 2.5% entre la période du 2 au 6 mars et la 4ème semaine de confinement. Une hausse limitée, qui est aussi à porter au crédit de plusieurs enseignes comme Carrefour ou Intermarché, qui se sont engagées à bloquer les prix d’un certain nombre de produits de première nécessité afin de ne pas fragiliser le pouvoir d’achat des Français.

Alors comment expliquer le ressenti différent exprimé par certains consommateurs ? L’explication réside dans les changements de consommation des clients depuis le début du confinement. Les produits les moins chers sont pris d’assaut, certains clients sont donc contraints sur les produits les plus onéreux, faute de choix.

Autre explication, la stabilité des prix ne reflète pas les prix des fruits et des légumes frais. Cette hausse est une conséquence de la crise liée à l’épidémie et à un recours moindre à l’importation de fruits et légumes européens. Par ailleurs, certaines enseignes privilégient même une production 100% française dans certains rayons de fruits et légumes. Résultat aussi d’un élan de solidarité envers les filières françaises, alors que les producteurs sont privés de nombreux débouchés et éprouvent des difficultés à écouler leur stock. De ce point de vue, le recours aux produits français, plus onéreux que les productions de nos voisins européens, conduit à une hausse du panier moyen pour certains consommateurs. Plus encore, ces produits sont encore plus chers qu’à l’accoutumé en raison d’une augmentation du coût de récolte, résultat de l’absence d’une main d’oeuvre étrangère bon marché. Une augmentation sensible des prix qui est aussi la conséquence de la hausse du coût des transports. Selon le président d’Interfel, la filière des fruits et légumes, les frais de transport ont augmenté de 30% depuis le début de la crise sanitaire.

Depuis les mesures de confinement, plusieurs consommateurs s’inquiètent d’une hausse des prix, inquiétudes alimentées par des fake news diverses. Si des hausses de prix peuvent être observées sur les fruits et légumes, compte tenu du contexte de fermeture des frontières, la grande distribution s’efforce de maintenir une stabilité des prix. Preuve en est, le prix du panier moyen évolue peu. Signe que la grande distribution s’évertue à assurer la continuité du service d’alimentation pour tous les Français.

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