Carrefour : 56 % des hypers seraient déficitaires

Alors que le confinement a plutôt épargné les finances des enseignes de la grande distribution, un compte-rendu du Comité social et économique central de Carrefour, rendu public par Linéaires, annonce que 56 % de ses supermarchés seraient déficitaires. Les syndicats tirent le signal d’alarme…

Une situation préoccupante pour Carrefour

Datant du 23 juin, le compte-rendu du Comité social et économique central de la société, publié par le magazine spécialisé Linéaires, annonçait que plus d’un hypermarché Carrefour sur deux était déficitaire. Hors franchisés, 104 magasins sur 185 seraient concernés. Une situation qui s’aggrave avec le temps, puisqu’en 2018, ils n’étaient que 46,5 % à être en déficit. Ce chiffre ne tient toutefois pas compte des loyers et des amortissements et les résultats des magasins concernés permettent tout de même de couvrir les frais de personnel et les frais généraux.

Le compte-rendu évoque également une baisse du chiffre d’affaires des hypermarchés Carrefour de – 15 % à – 20 % pendant le confinement. En mai 2019, l’enseigne avait lancé trois programmes de relances, dont “Rebond” qui concerne les magasins qui perdent du résultat opérationnel, avec un suivi mensuel des actions correctives, tels que le développement du bio et de la marque Carrefour, des réductions des frais généraux ou encore une réévaluation des heures travaillées. Un plan de relance qui ne semble pas avoir rencontré un franc succès au vu de la situation.

Plusieurs raisons sont à l’origine de la dégradation de ces résultats, notamment la réduction du chiffre d’affaires et la baisse de la marge commerciale. Face à la difficulté de rivaliser avec les autres enseignes, Carrefour s’est lancé dans la guerre des prix, quitte à affaiblir sa rentabilité. L’enseigne a décidé d’investir dans l’image prix, bien que sa direction soit elle-même mesurée en interne sur sa marge de manœuvre. Les promotions, pourtant ADN des hypermarchés, semblent aussi porter préjudice à l’enseigne et expliquer cette baisse de rentabilité. Un défi de taille pour Rami Baitieh, nouveau directeur exécutif de la marque. En juin, l’enseigne s’est mobilisée face à la pandémie en lançant une initiative en faveur du pouvoir d’achat des Français avec des “prix engagés”.

Une polémique sur les prix durant le confinement

La question de la hausse ou baisse des prix durant le confinement a longtemps fait débat. L’Institut de recherche et d’innovation (IRI) affirmait que le panier moyen avait augmenté de 89 % un mois après le début du confinement. Une impression qui s’explique par l’effet psychologique, en raison de la fermeture de tous les lieux de restauration et de la baisse de fréquence des sorties dédiées aux courses alimentaires, entraînant un panier plus élevé que la normale.

Les résultats des enquêtes Nielsen et IRI sont clairs : les prix n’ont pas augmenté durant le confinement et ont même baissé pour certains. Ils auraient même baissé de 0,9 % en moyenne en hypermarché. Les Français ont été contraints de se tourner vers des produits plus chers, les références les plus abordables partant les premières. Les marques classiques ont connu une plus forte progression que les marques distributeurs. Les produits frais ont, en revanche, augmenté de 18 %, notamment en raison du manque de main d’œuvre et des perturbations qu’ont subi les filières agricoles durant cette période. Cette hausse est à relativiser en raison de son caractère instable. La concurrence entre les enseignes fait, d’ores et déjà, diminuer ces prix. 

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